jeudi 5 décembre 2013

Universalité des modèles : le Graal des physiciens... et des gourous !


Mon parcours professionnel m'a amené à exercer successivement plusieurs métiers : celui de chercheur, celui de cadre dans un grand groupe industriel et aujourd’hui celui de coach. J’ai été frappé tout au long de ce chemin, que je poursuis, de trouver des personnes désireuses de fournir des modèles universels. Les intentions et motivations de ces personnes étaient variées, plus ou moins bienveillantes.

Chercheur en physique de l'atmosphère, j'ai croisé maints collègues qui m'expliquaient qu'ils avaient enfin le modèle, celui qui expliquait tout : le réchauffement climatique, le trou d'ozone, les problèmes de perte des tuiles de la navette Challenger...Newton est venu, Einstein est venu, Planck est venu, d’autres sont venus et d’autres encore viendront. Je me résolvais donc à renoncer à une illusion de toute puissance infantile et à admettre le côté imparfait et incomplet des modèles scientifiques. Je prenais ce qui me convenait, en me posant en permanence la question des limites des modèles.

Dans ma deuxième vie professionnelle, celle d'industriel, j'ai parfois été confronté à des personnalités dogmatiques : un collègue m’expliqua un jour que son modèle technico-économique d’usine permettrait de la gérer de manière optimale, en mesurant (aussi) le rendement et la motivation des employés. Chouette… Un tout-en-un permettant de piloter confortablement de son bureau avec une batterie d’indicateurs sans avoir besoin de parler aux (vraies) gens. Un cauchemar pour ce qui me concerne !

A présent depuis quelques années dans l'univers de l'accompagnement, je me dis que je vais, dans ce milieu plus qu’ailleurs, rencontrer des personnes humbles, et moins en proie à la volonté de tout maîtriser, capables de lâcher prise et d'accepter leurs limites et leur condition d’humains ne comprenant pas tout. C’est assez souvent le cas. Je croise dans cet univers des spécialistes de l'AT, de la PNL, de la CNV, de la Systémique,.... Par contre, lorsque certains d’entre eux tentent de me convaincre de l'universalité de leur approche, alors je repense aux gourous croisés précédemment dans la recherche ou l’industrie.

J'utilise dans ma pratique certains outils de l’analyse transactionnelle, de la systémique, et de la CNV, mais je n’en fais pas une réalité absolue. Ces outils me permettent d’aider mes clients à regarder autrement certaines situations. Pour moi, un modèle est une représentation, généralement partielle et imparfaite, de la réalité. Il s’appuie sur des hypothèses. Lorsque le modèle est utilisé pour enfermer, ou encore généraliser à l’excès, alors la manipulation est proche.

Aujourd’hui, en tant que coach, je prends ce qui me convient, en gardant à l’esprit que les modèles ont leur limites, et également que j’ai mes propres limites.

2 commentaires:

  1. Merci Alexandre de nous inviter à cette réflexion pertinente pour notre profession de consultants et formateurs en relation permanente avec l’humain sur l’intérêt des modèles qui nous sont offerts.
    Je partage ta pratique qui consiste à utiliser les théories que tu évoques (AT, PNL, CNV,..) comme des outils dans mes activités d’accompagnement, de conseil et de formation et ton aversion pour leur surutilisation.
    Ce qui m’interpelle dans les modèles de relation ou de comportement, c’est que la plupart d’entre permettent de classer assez facilement les situations observables….
    Mais de là en déduire des prédictions ou des modalités d’actions qui exerceraient une influence déterministe et de long terme sur autrui, ou même sur ses propres comportements…C’est une autre affaire. Il y a de place pour la recherche, et j’espère d’ailleurs que cette recherche n’aboutira pas, car c’est la Liberté et la Responsabilité de l’Homme dont il est question.
    Quel est donc leur intérêt s’ils ne sont que descriptifs ? J’en vois un, et qui n’est pas négligeable, c’est qu’ils incitent à une introspection et une attention soutenue sur les humains et leurs interactions, laquelle attention permettant de développer son empathie… dès lors qu’on ne tombe pas le dogmatisme qui lui provoque l’effet inverse.

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  2. Classer... Voilà bien en effet une dérive fréquente. Mettre les comportements en boîtes, cela permet de créer des bases de données et de faire des statistiques très commodes, mais parfois dangereusement réductrices.

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